Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/223

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ordre du plus grand de ces édifices, fit crier à haute voix qu’il accordait la vie à tous ceux qui descendraient pour se rendre ; mais cet avis ayant été répété inutilement, il fit mettre le feu au temple, et quantité d’habitans furent consumés par les flammes. Une si rigoureuse exécution ne put vaincre l’obstination des autres, et les historiens admirent qu’il n’y en eut qu’un seul qui vint se rendre volontairement entre les mains des Espagnols ; cependant il paraît que tous les autres temples, et les maisons même où le reste de ces malheureux se tenait renfermé furent attaqués aussi par le feu. La guerre, dit Solis, cessa faute d’ennemis, et les Tlascalans profitèrent des circonstances pour se répandre dans la ville, où le pillage fut le moindre de leurs excès. Il ajoute que cette horrible journée ne coûta pas un seul homme aux Espagnols.

Cortez retourna dans son quartier avec les Espagnols et les Zampoalans. Il en marqua un dans la ville aux Tlascalans, après quoi il fit rendre la liberté à tous les prisonniers ; mais il les fit amener sous ses yeux, avec les sacrificateurs qu’il avait fait arrêter, l’Américaine qui avait découvert la conspiration, et les ambassadeurs mexicains. Il témoigna un extrême regret de la nécessité où les habitans l’avaient mis de les châtier avec tant de rigueur. Il exagéra leur crime, et rassura les esprits par de meilleures espérances ; enfin, protestant que sa justice était satisfaite et sa colère apaisée, il