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d’ajouter quelques préliminaires de bienséance et d’autres formalités. Quatre jours se passèrent en vaines cérémonies, dont Cortez se défia trop tard. Le fond qu’il faisait sur un engagement auquel il croyait Guatimozin forcé par sa situation, lui avait fait prendre des mesures pour le recevoir avec éclat ; et ce soin paraît l’avoir occupé tout entier. Aussi n’apprit-il ce qui se passait sur le lac qu’avec un transport de colère et des menaces par lesquelles il s’efforça de déguiser sa confusion.

Le matin du jour marqué pour la conclusion du traité, Sandoval reconnut qu’un grand nombre de Mexicains s’embarquaient à la hâte sur les canots qu’ils avaient rassemblés dans leur port. Il en fit avertir aussitôt le général, tandis qu’assemblant ses brigantins qui étaient dispersés en différens postes, il leur recommanda de se tenir prêts à tout événement. Bientôt les canots ennemis se mirent à la rame. Ils portaient la noblesse mexicaine et les principaux chefs des troupes de l’empire, qui s’étaient déterminés à combattre les brigantins, pour favoriser au prix de leur sang la fuite de l’empereur. Leur dessein, après le succès de cette diversion, était de se disperser par autant de routes qu’ils avaient de canots, et d’attendre le temps de la nuit pour le suivre. Ils exécutèrent leur entreprise en voguant droit aux brigantins, et les attaquèrent avec tant de furie, que, sans paraître effrayés du premier fracas de l’artillerie, ils s’avancèrent jusqu’à la