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grande partie dans le magasin. Les autres armes étaient des arcs, des carquois, des massues, des épées garnies de pierres, qui en faisaient le tranchant ; des dards, des zagaies, des frondes, et jusqu’aux pierres qu’elles servaient à lancer ; des cuirasses, des casques, des casaques de coton piqué, qui résistaient aux flèches ; de petits boucliers, et de grandes rondaches de peau qui couvraient tout le corps, et qui se portaient roulées sur l’épaule jusqu’au moment de combattre. Les armes destinées à l’usage de l’empereur étaient dans un appartement particulier, suspendues en fort bon ordre, ornées de feuilles d’or et d’argent, de plumes rares et de pierres précieuses qui formaient un spectacle éclatant. Cortez et tous les Espagnols qui l’avaient accompagné dans le premier voyage ne s’étaient point lassés d’admirer ce dépôt militaire. Ils l’avaient trouvé digne du plus grand monarque et de la plus brave nation.

Mais, de tous les palais de Montézuma, celui qui leur causa le plus d’étonnement, fut un grand édifice que les Mexicains nommaient la maison de tristesse. C’était le lieu où ce prince se retirait avec peu de suite, lorsqu’il avait perdu quelque parent qu’il aimait, et dans les calamités publiques qui demandaient un témoignage éclatant de douleur ou de compassion. La seule architecture de cette maison semblait capable d’inspirer les sentimens qu’il y portait. Les murs, le toit et tous les meubles étaient noirs et lugubres. Les fenêtres