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où ces arbres sont en abondance ; et pendant que don Ulloa visitait cette juridiction, le curé de Cuença fit recueillir une certaine quantité d’écorce qu’il fit transporter à Panama. Cet exemple et l’opinion confirmée que le quinquina est le même que celui de Loja ayant engagé plusieurs habitans à pousser plus loin leurs recherches, ils trouvèrent d’autres montagnes qui en sont remplies.

La ville de Popayan, qui jouit du droit de cité depuis le 25 juin 1538, est bâtie dans une plaine rase, à 2 degrés 25 minutes de latitude septentrionale. Du côté de l’orient elle est couverte par une montagne de hauteur médiocre et revêtue de grands arbres, qu’on a nommée montagne d’M, parce qu’elle a la figure de cette lettre ; à l’occident elle a quelques petites collines qui mettent de la variété dans un pays fort uni. La ville est assez grande ; ses rues sont larges et régulièrement droites, mais pavées seulement le long des maisons : le milieu ne l’est point, et offre un fond de menu gravier qui, ne se convertissant jamais en poudre ni en boue, est plus commode et plus net que le pavé même. Toutes les maisons sont de brique crue, et dans le goût de celles de Quito ; la plupart avec un étage au-dessus du rez-de-chaussée. La face en est agréable, et les appartemens y sont meublés à l’européenne ; ce qui doit faire prendre une assez haute idée de la magnificence des habitans dans un pays où la difficulté de voiturer