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cours de sa navigation sur l’Amazone, La Condamine vit un si grand nombre de singes, en ouït nommer tant d’espèces, qu’il renonce à en faire l’énumération. Il y en a, dit-il, d’aussi grands qu’un lévrier, d’autres aussi petits qu’un rat, c’est-à-dire, plus petits que les sapajous, et difficiles à apprivoiser, dont le poil est long et lustré, ordinairement couleur de marron, et quelquefois moucheté de fauve ; ils ont la queue deux fois aussi longue que le corps, la tête petite et carrée, les oreilles pointues et saillantes comme les chiens et les chats, et non comme les autres singes, avec lesquels ils ont peu de ressemblance, ayant plutôt l’air et le port d’un petit lion : on les nomme pinches à Maynas, et tamarins à Cayenne. L’académicien en eut plusieurs qu’il ne put conserver. Ils sont de l’espèce appelée sahuins dans la langue du Brésil, et par corruption, en français sagouins. Le gouverneur du Para en fit présent d’un à La Condamine, et c’était l’unique de son espèce qu’on eût vu dans le pays : le poil de son corps était argenté et de la couleur des plus beaux cheveux blonds ; celui de sa queue était d’un marron lustré, approchant du noir. Il avait une autre singularité plus remarquable encore : ses oreilles, ses joues et son museau étaient teints d’un vermillon si vif, qu’on avait peine à se persuader que cette couleur fût naturelle.

Le jaguar, le gougouar, le chibiguazou, l’aira, l’yaguaroundi, l’ocelot, et d’autres ani-