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par des acclamations ou par des cris de douleur, suivant la nature des récits. Ensuite le député est conduit dans une cabane où les anciens recommencent les mêmes questions : lorsque la curiosité publique est satisfaite, un crieur invite la jeunesse à marcher au-devant des guerriers, et les femmes à leur porter des rafraîchissemens.

Dans plusieurs nations, on ne s’occupe d’abord qu’à pleurer ceux qu’on a perdus. Le député ne fait que des cris de mort. On ne va point au-devant de lui, mais en arrivant il trouve tout le monde assemblé ; il raconte en peu de mots les opérations de la campagne ; et se retire dans sa cabane, où l’on a soin de lui envoyer des vivres. Pendant quelques jours, toute la bourgade pleure les morts. Ensuite on annonce la victoire par un autre cri. Alors chacun essuie ses larmes et ne pense plus qu’à se réjouir.

Le moment où les femmes joignent les guerriers est comme l’ouverture du supplice des captifs. Ceux qu’on destine à l’adoption sont mis à couvert par leurs parens futurs, qu’on a soin de faire avertir, et qui les vont prendre assez loin pour les conduire à leurs cabanes par des chemins détournés : mais tous ceux qui sont destinés à la mort, ou dont le sort n’est pas encore décidé, sont abandonnés à la fureur des femmes qui portent des vivres aux guerriers ; et les étrangers, qui sont quelquefois témoins de cette scène, admirent que ces mal-