Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/211

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contre les obstacles qu’il trouve à sa fuite. Quelquefois l’animal s’échappe malgré toutes ses blessures ; mais c’est ordinairement pour mourir quelques jours après dans le lieu où ses forces l’abandonnent. C’est à ces accidens qu’il faut attribuer la rencontre qu’on fait souvent, dans les forêts, de plusieurs dents d’éléphant. La chair est dévorée par d’autres bêtes ; les os tombent en pouriture, et les dents sont les dernières parties qui résistent. Cependant comme elles ne peuvent être long-temps exposées aux injures de l’air sans s’altérer beaucoup, elles perdent quelque chose de leur prix.

Après l’idée qu’on a dû prendre de l’indolence naturelle des Nègres, on ne s’attendra pas à leur trouver beaucoup d’ardeur et d’habileté pour les arts. Ils n’ont pas d’autres ouvriers que ceux qui sont absolument nécessaires au soutien de la vie, tels que des forgerons, des tisserands, des potiers de terre. Le métier de forgeron, qu’ils appellent ferraro, est le principal, parce qu’il est le plus indispensable. Ils ont chez eux des mines de fer ; mais elles sont éloignées des côtes ; de sorte que ceux qui habitent près de la mer achètent généralement ce métal des Européens.

Les forgerons n’ont pas d’ateliers qui méritent le nom de boutiques ni de forges ; ils portent avec eux leurs ustensiles, et se mettent sous le premier arbre pour y travailler.