Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/403

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tombe entre leurs mains : leur nombre est ordinairement de quarante ou cinquante, quoiqu’il ne soit pas fixé. Le reste des Issinois est si pauvre, que les plus aisés ont à peine un misérable pagne pour se couvrir, et ne vivent qu’avec le secours des cabochirs. Ils se louent à leur service pour se procurer de quoi nourrir leurs enfans ; et quelquefois ils sont obligés de se vendre pour le soutien de leur vie. Cependant, lorsqu’il s’en trouve quelqu’un qui, à force d’industrie et de travail, est parvenu à amasser un peu de bien, et qui a pu cacher ses richesses avec assez de soin pour les conserver, il emploie sous main ses amis à la cour, et parmi les cabochirs, pour s’élever à la qualité de marchand ou de noble. Si sa demande est approuvée, le roi et les brembis indiquent un jour où l’on se rend au bord de la mer pour cette cérémonie. Le candidat commence par payer les droits royaux, qui sont huit écus en poudre d’or. Ensuite le roi déclare devant ses cabochirs qu’il reçoit un Nègre de tel nom pour noble et pour marchand ; après quoi, se tournant vers la mer, il défend aux flots de nuire au nouveau cabochir, de renverser ses canots et de nuire à ses marchandises. Il finit l’installation en versant dans la mer une bouteille d’eau-de-vie pour gagner ses bonnes grâces. Alors le nouveau noble s’approche du roi, qui lui prend les mains, les serre d’abord l’une contre l’autre, les ouvre ensuite, et souffle dedans en prononçant doucement le mot aks-