Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/404

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chouc, c’est-à-dire, allez en paix. Tous les cabochirs répètent cette cérémonie après le roi. Il ne reste pour conclusion que de se rendre au festin, où le candidat a pris soin de faire inviter tous les nobles ; et lorsqu’ils en sont sortis, il est regardé de toute la nation comme marchand, comme noble, comme brembis et cabochir, avec le droit de vendre et d’acheter des esclaves. S’il accompagne le roi à la guerre, il a part aux dépouilles de l’ennemi. Enfin il entre en possession de tous les priviléges attachés à son titre. Ainsi l’on achète la noblesse sur les côtes d’Afrique comme parmi nous : il n’y a de différence que dans le prix et dans le titre, et partout les priviléges de cette noblesse tiennent plus ou moins à l’oppression des faibles. Tout rappelle le proverbe italien, tutto il mondo è fatto come la nostra famiglia. Ce qui suit en est encore une preuve.

Lorsqu’un créancier se lasse du délai, et qu’il prend la résolution de se faire payer, il s’adresse au roi, qui, sur sa demande, fait avertir le débiteur. Un esclave chargé de cet ordre se présente le sceptre ou plutôt le bâton royal à la main, et déclare au débiteur qu’il est appelé par le roi. Si le cas est pressant, il l’oblige sur-le-champ de le suivre. Alors le procès commence par un présent de huit onces d’or, que le créancier est obligé de faire au roi pour acheter de l’eau-de-vie. Il doit déposer en même temps un tiers au moins de la somme qu’il demande : et ce tiers est distribué