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nombre que les maisons des vivans. Comme les Sérères n’ont point assez d’industrie pour faire des inscriptions ou d’autres marques sur ces monumens, ils se contentent de mettre au sommet un arc et quelques flèches sur ceux des hommes, et un mortier avec un pilon sur ceux des femmes : le premier marque l’occupation des hommes, qui est presque uniquement la chasse ; et l’autre, celle des femmes, dont l’emploi continuel est de piler du riz, du maïs ou du millet.

Il n’y a pas de Nègres qui cultivent leurs terres avec autant d’art que les Sérères. Si leurs voisins les traitent de sauvages, ils sont bien mieux fondés à regarder les autres Nègres comme des insensés, qui aiment mieux vivre dans la misère et souffrir la faim que de s’accoutumer au travail pour assurer leur subsistance. Leur langage est différent de celui des Iolofs, et paraît même leur être tout-à-fait propre. Ils ont pour boisson le vin de palmier.

Les Sérères reçurent le général français avec beaucoup d’humanité, et lui présentèrent du couscous, du poisson, des bananes, avec d’autres alimens du pays. Il partit si tard de leur village, que l’excès de la chaleur le força de s’arrêter après avoir fait trois lieues ; n’en ayant pu faire que sept dans le courant de la journée, il arriva le soir dans un village des Iolofs, qui était la résidence d’un des plus grands marabouts, ou prêtres du pays. Ce saint nègre