Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/121

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chauffage de ces pauvres gens. » Ces offres, accompagnées de larmes de joie, douce effusion d’une pitié secourable, ne furent point rejetées ; et quelle que fût la valeur de la contribution, on en convertit les effets en argent qu’on fit passer aux herrnhuters d’Europe pour l’employer en Amérique.

Ce seul trait dédommage de la stérilité d’événemens qui fait languir la curiosité dans les annales du Groënland. Les missionnaires remplissent ce vide de lambeaux de discours, édifians, si l’on veut, mais décousus, que l’imagination des sauvages enthousiastes leur dicte dans les accès de dévotion. Ce sont des comparaisons entre les brouillards de l’hiver et les ténèbres de l’incrédulité ; entre le courant du flux qui jette sur le rivage l’algue ou l’herbe de mer, et le sang de l’Agneau où les âmes chrétiennes nagent entraînées par les torrens de la grâce jusqu’au port du salut. Ensuite c’est le registre mortuaire de l’année. On y trouve la mort d’un enfant de neuf ans qui avait beaucoup de mémoire, et surtout de piété. On loue son assiduité à l’école, son goût pour le chant, et même pour la poésie, joint à une vivacité d’esprit qui se montrait quelquefois par un peu de folie.

Tous ces sentimens étaient autant de pas et de préparatifs pour la conversion du Groënland. L’année 1758 fait époque dans les annales du herrnhutisme par la fondation d’une seconde église ou mission qui fut érigée à Lichtenfels.