Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/174

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sentent vivement, et à chercher quelquefois chez les sauvages les plus maltraités de la nature une égalité ou une indépendance que la fortune refuse dans la police de nos climats. Or, rien ne provoque à cette indépendance naturelle comme les sentimens outrés du zèle religieux. Tel homme est chrétien pour ne pas obéir, et tel se fait apôtre pour commander.

Ce qu’il y a de singulier chez les herrnhuters, c’est que ces mêmes apôtres, qui ne veulent pas conférer le baptême aux enfans sans la formalité d’un consentement bien inutile à la vertu du sacrement, y admettent des adultes au prix d’une légère instruction. « Pourvu que ces sauvages aient, dit Crantz, une idée claire des vérités fondamentales de la doctrine chrétienne, et qu’ils entendent le symbole de Luther, on les baptise ; encore n’exige-t-on pas, surtout des gens âgés, qu’ils sachent ce symbole par cœur et mot à mot….. Mais on a plus d’égard à la droiture de leur âme qu’à la promptitude de leur conception, à la fidélité de leur mémoire, ou à la flexibilité de leur langue. » La raison des missionnaires pour ne pas insister sur ces formulaires de doctrine vient peut-être, dit l’historien, « de ce qu’ils ont vu avec douleur, même au milieu de la chrétienté, des années se passer à apprendre par cœur et à répéter les catéchismes, sans qu’on en réussît davantage à éclairer les esprits et à épurer les cœurs. » Aussi ces instructions préliminaires qu’on exige des catéchu-