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timent sur les habitations comme sur les habitans. Il fut trop bien obéi : on tua vingt hommes, on brûla plusieurs maisons, et l’on revint à bord. Une seconde descente avec cinquante soldats eut lieu. On détruisit encore par le feu plusieurs habitations, et l’on trouva dans quelques-unes des morceaux de chemises et d’habits, et d’autres dépouilles des Espagnols qui avaient été tués.

Le 13 juin, la flotte remit à la voile, et, après avoir remonté de deux lieues au vent, jusqu’au point où le brigantin s’était élevé, on aperçut plusieurs villages. On se dirigea de là sur une île qui fut nommée San-Christoval (Saint-Christophe) : les vaisseaux y mouillèrent, et le général descendit à terre. Les insulaires déclarèrent par signes aux Espagnols qu’ils ne voulaient pas qu’ils vinssent plus loin, et qu’ils eussent a se rembarquer : mais comme ils reconnurent qu’on n’avait aucun égard à leur défense, ils se mirent à faire les grimaces et les contorsions les plus extraordinaires, à agiter leur corps comme des convulsionnaires, à gratter la terre avec leurs pieds et avec leurs mains ; et , courant ensuite à la mer, ils jetaient de l’eau en l’air, et faisaient divers gestes aussi étranges. On sonna de la trompette pour demander du secours ; Sarmiento accourut aussitôt avec sa troupe à l’endroit où se trouvait le général. Les Indiens s’avancèrent d’un air menaçant vers les Espagnols : chacun d’eux était armé de deux à trois dards ; d’autres por-