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tre par le grand Océan, dont l’étendue est effrayante, puis par les Moluques et le cap de Bonne-Espérance. Deux raisons portèrent Drake à rejeter la route du détroit de Magellan. Premièrement les Espagnols, qui avaient eu le temps de rassembler leurs forces sur les côtes du Pérou et du Chili, lui parurent beaucoup plus redoutables à son retour, pour des vaisseaux chargés de richesses, qu’ils n’avaient pu l’être à son arrivée, et pour des aventuriers qui ne cherchaient alors que l’occasion de s’enrichir au prix de leur sang. En second lieu, il se formait une idée terrible de la bouche du détroit, du côté du grand Océan. Il en avait essuyé les pluies, les tempêtes, les rafales ; et ses meilleurs pilotes ne se rappelaient pas sans frayeur les écueils qu’ils avaient observés sur cette côte.

On résolut de chercher un passage le long de la côte nord-ouest de l’Amérique septentrionale, et, si l’on n’y pouvait parvenir, de prendre la route des îles Moluques et de revenir en Europe par le cap de Bonne-Espérance.

Le 5 juin 1579, à 42° de latitude nord, l’air devint si froid, que, tout l’équipage ayant beaucoup à souffrir, et la peine croissant à mesure qu’on avançait vers le pôle arctique, on prit le parti de retourner à 38°. On découvrit à cette hauteur une terre à laquelle il y avait peu d’apparence que les Espagnols ou d’autres nations de l’Europe eussent jamais abordé. Elle parut basse et unie. Bientôt on aperçut une bonne baie, où l’escadre fut portée par un vent favo-