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tier sur les progrès de la religion chrétienne et de la mission des frères Moraves chez un peuple abandonné, ce semble, du ciel et de la terre. Cet ouvrage, beaucoup moins curieux et moins intéressant que les lettres édifiantes des missionnaires catholiques, respire un fanatisme que toutes les religions devraient également désavouer. On n’y reconnaît l’Évangile d’aucune communion chrétienne. Le langage extravagant d’un piétisme mielleux et pétri d’ignorance et de fadeur convient encore moins à la doctrine de Luther, qui sans doute ne voulut pas détruire le monachisme pour lui substituer une bigoterie puérile et superstitieuse. Aussi ne pourrait-on exposer aux yeux du public ce fatras de mysticité gothique sans compromettre le respect qui est dû à la religion établie sur de meilleurs fondemens que ceux de ces frères ignorans. Cependant l’histoire d’un peuple converti, même par des fanatiques errans, peut montrer par quels moyens on introduit une religion dans un pays où elle n’a pas encore été prêchée. Si ce tableau seul intéresse par lui-même un grand nombre de lecteurs, un précis des travaux apostoliques auxquels les frères Moraves se sont livrés pendant l’espace de vingt ans aura quelque chose de neuf, d’instructif et d’attrayant tout ensemble. On y prendra du moins une idée juste de la marche que doit suivre une religion même erronée, quand on veut la faire entrer dans les esprits par la voie douce et lente de la persua-