Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/67

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téchumènes ; on prêchait, on faisait les offices, on y lisait les lettres des confrères d’Europe, et surtout, celles des élèves de tous les séminaires de l’unité, adressées aux jeunes chrétiens du Groënland. Ces lectures étaient interrompues par le chant de quelques versets, où le sang de l’agneau (mot de mysticité fréquemment répété) faisait couler les larmes. Toutes ces pieuses inventions attiraient insensiblement le concours à la nouvelle église, et la congrégation, augmentée de cinquante-deux personnes préparées depuis long-temps au baptême, se trouva composée, en 1747, de cent trente-quatre Groënlandais baptisés. Dès lors on commença de faire à l’église des mariages, des funérailles, et toutes les cérémonies qui, consacrant les actes et les engagemens les plus solennels de la vie civile par le sceau de la religion, donnent de la consistance au culte public, de l’autorité, puis du pouvoir et des richesses à ses ministres. Mais une observation singulière faite par Crantz, « c’est, dit-il, que, depuis qu’on a bâti une église au Groënland, les coups extraordinaires de la grâce y sont moins fréquens. Elle y agit avec moins d’éclat que dans les premiers temps de l’arrivée des missionnaires. Je fus d’abord étonné, poursuit-il, de ce changement, qui ne me paraissait pas favorable à la religion. Mais, en y regardant de plus près, je trouvai que les conversions miraculeuses, loin d’être nécessaires, auraient pu avoir de fâcheuses conséquences. La grâce n’avait plus besoin