Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/339

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nairement dans les climats chauds ; le pays s’élève insensiblement depuis l’aiguade des Anglais jusqu’au milieu de l’île ; mais, avant d’arriver à sa plus grande hauteur, on trouve plusieurs clairières en pente douce, couvertes d’un trèfle fin qui est entremêlé de différentes sortes de fleurs, et bordées de beaux bois dont les arbres portent d’excellens fruits. Le terrain des plaines est fort uni, et les bois ont peu de broussailles. Ils sont terminés aussi nettement, dans les endroits qui touchent aux plaines, que si la disposition des arbres était l’ouvrage de l’art. Ce mélange, joint à la variété des collines et des vallons, forme une infinité de vues charmantes. Les animaux qui, pendant la plus grande partie de l’année, sont les seuls maîtres de ce beau séjour, font partie de ses charmes romanesques, et ne contribuent pas peu à lui donner un air de merveilleux. On y voit quelquefois des milliers de bœufs paître ensemble dans une grande prairie, spectacle d’autant plus singulier, que tous ces animaux sont d’un véritable blanc de lait, à l’exception des oreilles, qu’ils ont ordinairement noires. Quoique l’île soit déserte, les cris continuels et la vue d’un grand nombre d’animaux domestiques qui courent en grand nombre dans les bois renouvellent les idées de fermes et de villages. Les bœufs sont si peu farouches, qu’ils se laissent d’abord approcher. Anson en fit tuer quelques-uns à coups de fusil ; mais d’autres raisons l’ayant ensuite obligé de ménager sa poudre, on les