Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/85

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Elles portaient des montres de fèves et de pois des Indes, du riz, du tabac, et deux oiseaux de paradis, dont l’un était blanc et jaune. Les insulaires, qui s’approchaient avec tant de confiance, n’avaient pas laissé de témoigner quelque frayeur en reconnaissant des Hollandais ; mais ce n’étaient plus des sauvages dont la barbarie fût redoutable après les traités les plus saints, et jusqu’au milieu de leurs caresses ; ils portaient des ceintures d’assez belle toile ; quelques-uns même avaient des caleçons de soie, des turbans, des bagues d’or et d’argent aux doigts, et les cheveux d’une admirable noirceur. On était embarrassé à distinguer leur nation, lorsqu’en prêtant l’oreille à leur langage, Aris, qui entendait le malais, crut distinguer plusieurs mots ternatais, et quelques termes espagnols. Quelle consolation pour un équipage languissant, qui était encore composé de quatre-vingt-cinq hommes, mais la plupart épuisés de fatigue ou consumés de maladies, et tous également consternés de l’incertitude de leur sort ! Ils s’empressèrent de demander aux Indiens le nom de leur île et celui de leur nation. À la vérité, rien ne put leur faire obtenir cet éclaircissement ; mais le refus même de ces insulaires, joint à d’autres circonstances, leur fit juger qu’ils étaient à l’extrémité orientale de Gilolo, qui s’étend à l’est par trois langues de terre, et que ceux qui paraissaient craindre de s’expliquer étaient des sujets du roi de Tidor, ami des Espagnols. Cette conjecture fut véri-