Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jaloux que les habitans d’autres contrées en apparence moins sauvages et moins grossiers que ceux-ci. Mes matelots, pour les tranquilliser, restèrent dans la chaloupe sans ramer, et se laissèrent devancer par les canots. Les Indiens, de leur côté, ne cessèrent de crier pour se faire entendre des femmes, que lorsqu’elles eurent pris l’alarme, et se furent enfuies hors de la portée de la vue. Dès qu’ils furent à terre, ils tirèrent leurs pirogues sur la plage, et se hâtèrent d’aller rejoindre leurs femmes. »

Au mois de février, qui est l’été de ces contrées, le maître du Dolphin, étant allé à la côte du sud pour chercher un mouillage, débarqua mourant de froid dans une grande île. Après s’être réchauffé à un feu allumé avec de petits arbres qu’il trouva dans ce lieu, il grimpa sur une montagne pour observer la triste région qui l’entourait. La Terre du Feu présentait l’aspect le plus horrible et le plus sauvage que l’on pût imaginer ; ce n’étaient que des montagnes raboteuses qui s’élevaient jusqu’aux nues ; leurs flancs et leurs sommets, entièrement nus, ne laissaient pas apercevoir le moindre signe de végétation. Les vallées ne présentaient pas une perspective moins triste ; des couches profondes de neige les remplissaient, excepté dans quelques endroits où elle avait été emportée par les torrens qui se précipitent du sommet des monts ; et, même dans les endroits où la neige ne les couvrait pas, elles étaient aussi dé-