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pouillées de verdure que les rochers qui les entouraient.

Le 10 avril le Dolphin avait mis à la voile avec le Swallow ; lorsqu’il fut à un mille au nord du cap Pillar, il s’aperçut que la corvette était à trois milles en arrière. Comme le vent était faible, Wallis fut obligé de mettre dehors autant de voile qu’il put, afin de sortir de l’embouchure du détroit. Il voulut ensuite diminuer de voile, pour attendre le Swallow, mais il ne le put pas, parce qu’un courant l’entraînait sur des îlots, et qu’il fallait porter de la voile pour les éviter. Peu de temps après il perdit de vue le Swallow, et ne le revit plus. Dans le premier moment il voulut rentrer dans le détroit ; un brouillard épais qui s’éleva tout à coup, et la mer qui devint très-grosse, mirent obstacle à l’exécution de ce dessein. On reconnut la nécessité de gagner au plus tôt le large, et de faire force de voiles avant que la mer fut plus forte, ce qui aurait empêché de doubler les caps qui forment l’embouchure du détroit.

« Ce fut ainsi, dit Wallis, que nous quittâmes cette région âpre et inhabitable, où pendant quatre mois nous avions été presque sans cesse en danger de périr ; où au milieu de l’été l’air était nébuleux, orageux et froid ; où presque partout les vallées étaient sans verdure et les montagnes sans bois ; où enfin la terre offre plutôt un amas de ruines qu’un sol propre à l’habitation d’êtres animés.