Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/124

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puis s’avança en rampant sur les mains et les genoux. M. Furneaux le releva, et tandis que l’Indien était encore tremblant, il lui montra quelques-unes des pierres qui avaient été jetées dans le vaisseau, et s’efforça de lui faire entendre que, si ses compatriotes n’entreprenaient rien contre nous, nous ne leur ferions aucun mal ; il ordonna de remplir deux barriques d’eau, pour donner à comprendre aux Indiens que nous en avions besoin, et en même temps lui montra des haches et d’autres objets pour tâcher de lui indiquer que nous désirions d’avoir des provisions. Le vieillard recouvra un peu ses esprits durant cette conversation muette, et M. Furneaux, pour confirmer les témoignages d’amitié qu’il lui avait donnés, lui fit présent d’une hache, de clous, de colliers de verroterie, et d’autres bagatelles ; après quoi il se rembarqua, laissant flotter le pavillon qu’il avait arboré à terre.

Aussitôt que les canots se furent éloignés, l’Indien s’approcha du pavillon, dansa alentour, puis se retira ; il revint ensuite avec des branches d’arbres qu’il jeta à terre, et s’en alla encore. Nous le vîmes reparaître quelque temps après suivi d’une douzaine d’insulaires. Tous se mirent dans une posture suppliante, et s’approchèrent du pavillon à pas lents. Mais le vent étant venu à l’agiter, lorsqu’ils en étaient tout proches, ils se retirèrent avec la plus grande précipitation ; ils en restèrent éloignés un peu de temps, occupés à le regarder ;