Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/125

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ils s’en allèrent ensuite, et rapportèrent bientôt deux grands cochons qu’ils déposèrent au pied du mât du pavillon, et enfin, prenant courage, ils se mirent à danser. Cette cérémonie terminée, ils portèrent les cochons au rivage, lancèrent une pirogue à l’eau, et les mirent dedans ; le vieillard, que distinguait une grande barbe blanche, s’embarqua seul avec ces deux animaux, et les amena au vaisseau ; il nous adressa un discours, prit dans ses mains plusieurs feuilles de bananier, une à une, et nous les présenta, en proférant pour chacune, à mesure qu’il nous les donnait, quelques mots d’un ton de voix imposant et grave. Il nous remit ensuite les deux cochons en nous montrant la terre ; je me disposais à lui faire quelques présens, mais il ne voulut rien accepter, et bientôt après retourna vers l’île.

» Pendant la nuit, qui fut très-sombre, nous entendîmes le bruit des tambours, des conques et d’autres instrumens, et nous vîmes beaucoup de lumières le long de la côte. Le 26, au point du jour, je ne découvris aucun habitant sur le rivage ; mais j’observai que le pavillon avait été enlevé : sans doute qu’ils avaient fini par le mépriser, comme les grenouilles de la fable leur roi soliveau. M. Furneaux alla à terre, et commença à faire emplir les pièces à eau ; pendant que notre monde était occupé de ce travail, plusieurs Indiens se montrèrent de l’autre côté du ruisseau avec le vieillard que l’on avait vu la veille, et qui passa vers les nô-