Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/126

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tres, apportant avec lui des fruits et des poules que l’on envoya tout de suite au vaisseau. J’étais si faible en ce moment, que j’avais à peine la force de me traîner ; j’observais avec ma lunette d’approche ce qui se passait à terre. Sur les huit heures et demie, j’aperçus une multitude d’insulaires descendant une colline à un mille environ de notre détachement, et en même temps un grand nombre de pirogues qui doublaient la pointe occidentale de la baie, en serrant la côte de près. Je regardai à l’endroit où l’on faisait de l’eau, et je distinguai au travers des buissons un grand nombre d’Indiens qui se glissaient par-derrière ; j’en vis aussi plusieurs milliers dans les bois, se pressant vers le lieu de l’aiguade, et des pirogues qui se hâtaient de doubler la pointe orientale de la baie. Alarmé de tous ces mouvemens, je dépêchai un canot pour en instruire M. Furneaux, et lui donner l’ordre de revenir à bord avec tout son monde, en laissant à terre, s’il le fallait, ses pièces à eau. M. Furneaux, qui s’était aperçu du danger, avait déjà rembarqué son détachement ; voyant que les Indiens se glissaient vers lui par-derrière les bois, il leur envoya le vieil Indien, s’efforçant de leur faire entendre qu’ils se tinssent à l’écart et qu’il ne voulait que prendre de l’eau. Les Indiens, se voyant découverts, poussèrent de grands cris et s’avancèrent à la hâte ; M. Furneaux entra dans le canot ; les Indiens passèrent le ruisseau et s’emparèrent des pièces à eau avec de