Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/127

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grandes démonstrations de joie. Cependant les pirogues longeaient le rivage avec beaucoup de célérité ; les insulaires les suivaient à terre, excepté une multitude de femmes et d’enfans, qui se placèrent sur un monticule d’où l’on découvrait la baie. Dès que les pirogues qui arrivaient de chaque extrémité de la baie eurent dépassé le vaisseau, elles s’approchèrent du rivage pour prendre à bord d’autres Indiens portant de grands sacs qui, ainsi que nous le reconnûmes ensuite, étaient remplis de pierres. Alors ces pirogues, réunies à d’autres parties du fond de la baie, s’avancèrent vers nous. Persuadé par ces préparatifs qu’elles avaient formé le projet d’une seconde attaque, je pensai que moins le combat durerait, moins il serait meurtrier ; et je me décidai à rendre cette action décisive, afin de mettre un terme à toutes les hostilités. On fit donc feu d’abord sur les pirogues réunies en groupe ; ce qui produisit un si bon effet, que celles qui étaient à l’ouest regagnèrent le rivage avec précipitation, tandis que celles qui venaient du côté de l’est, côtoyant le récif, furent bientôt hors de la portée de notre canon. Je fis alors diriger le feu sur différentes parties du bois ; aussitôt beaucoup d’Indiens en sortirent, et coururent au monticule, où les femmes et les enfans s’étaient placés pour voir le combat ; ce tertre se trouvait en ce moment couvert de plusieurs milliers de naturels, qui se regardaient comme parfaitement en sûreté. Pour les convaincre de leur