Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/129

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nous étions éloignés de terre d’environ trois encablures, nous ne pouvions pas reconnaître en quoi consistaient ces gages de paix. Nous parvînmes cependant à distinguer les cochons et les pièces d’étoffe ; mais en voyant les chiens avec leurs pates liées sur le cou s’élever à plusieurs reprises, et marcher quelque temps debout et droits, nous les prîmes pour une espèce d’animal étrange et inconnu, et nous étions très-impatiens de les regarder de plus près. J’expédiai donc un canot au rivage, et notre étonnement cessa. Notre détachement y trouva neuf forts cochons, des chiens et des étoffes. On prit les cochons, on délia les chiens ; et en échange on déposa sur le rivage des haches, des clous et d’autres objets, en faisant signe à plusieurs Indiens de les emporter avec leurs étoffes. Le canot était à peine revenu à bord, que les Indiens apportèrent encore deux cochons et nous hélèrent. Le canot retourna à la côte, prit les cochons, mais laissa encore l’étoffe, quoique les Indiens fissent signe que l’on devait aussi l’emporter. On me dit que les insulaires n’avaient touché à rien de ce qui avait été laissé sur le rivage ; alors, un de nous pensa que, s’ils n’acceptaient pas ce que nous leur avions offert, c’était parce que nous ne voulions pas prendre leur étoffe. L’événement prouva la justesse de cette supposition : car, dès que l’étoffe eut été mise à bord du canot, les Indiens s’avancèrent et emportèrent dans les bois avec de grandes