Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/130

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démonstrations de joie tout ce que je leur avais envoyé. Nos canots allèrent alors au ruisseau et remplirent toutes nos futailles. Elles n’avaient pas souffert pendant que les Indiens en avaient été maîtres ; nous n’avions perdu qu’un seau de cuir et un entonnoir.

» Le 27, dès que notre détachement fut à terre pour remplir les barriques, le même vieillard qui avait déjà passé le ruisseau parut, tint un long discours, et traversa l’eau. L’officier lui montra les pierres rangées en piles sur le rivage, où je les avais fait porter, et des sacs, remplis de pierres, pris dans les pirogues que l’on avait brisées ; puis il s’efforça de lui faire entendre que les Indiens avaient été les agresseurs, et que le mal que nous leur avions causé n’avait eu d’autre motif que la nécessité de nous défendre. Le vieillard eut l’air de comprendre ce qu’on voulait lui dire, mais sans en convenir. Il adressa un discours à ses compatriotes, en leur montrant du doigt les pierres, les frondes et les sacs ; son émotion était visible ; de temps en temps ses regards, ses gestes, sa voix, étaient capables d’effrayer. Cependant son agitation se calma par degrés, et l’officier qui, à son grand regret, n’avait pas compris un seul mot de son discours, tâcha de le convaincre, par tous les signes qu’il put imaginer que nous désirions vivre en paix avec les Indiens, et que nous étions disposés à leur donner toutes les marques d’amitié qui seraient en notre pouvoir. Il lui serra la main,