Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/135

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chant. Ces ordres furent suivis avec tant d’exactitude et de prudence, que durant toute ma maladie je ne fus troublé par aucune affaire, et que je n’eus pas le chagrin d’entendre une seule plainte. L’équipage fut constamment fourni de porc frais, de volaille et de fruits en telle abondance, que, lorsque je quittai mon lit, après l’avoir gardé près de quinze jours, je les trouvai si frais et si bien portans, que j’avais peine à croire que ce fussent les mêmes hommes.

» Le 29 un des gens de la troupe du canonnier trouva un morceau de salpêtre presque aussi gros qu’un œuf. Comme c’était là un objet aussi important que curieux, on fit tout de suite des recherches pour savoir d’où il venait. Le chirurgien demanda en particulier à chacun de ceux qui étaient à terre s’il l’avait apporté du vaisseau. On fit la même question à tout le monde à bord y et chacun déclara qu’il n’avait jamais rien eu de pareil. On s’adressa aux Indiens pour avoir quelques éclaircissemens ; mais la difficulté de se faire entendre par signes des deux côtés fut cause qu’on ne put rien apprendre d’eux sur ce sujet : au reste, durant tout notre séjour dans l’île, l’on ne trouva pas d’autre morceau.

» Tandis que le commerce se faisait ainsi à terre, nous jetions souvent nos filets sans rien prendre ; mais nous n’en fûmes pas fort affligés, les vivres que nous tirions de l’île nous mettant en état de faire faire chaque jour à l’équipage un repas somptueux.