Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/136

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» Les choses demeurèrent dans le même état jusqu’au 2 juillet que, notre vieillard étant absent, nous vîmes tout à coup diminuer les fruits et les autres provisions que nous avions reçus jusqu’alors. Nous en eûmes cependant assez pour en distribuer encore beaucoup, et pour en donner en abondance aux malades et aux convalescens.

» Le 3 nous abattîmes le vaisseau pour visiter la quille, que nous trouvâmes, à notre grande satisfaction, aussi saine qu’au sortir du chantier. Durant tout ce temps, aucun des insulaires n’approcha de nos canots, et ne vint au vaisseau en pirogue. Ce même jour, vers midi, nous prîmes un très-grand requin, et, quand les canots nous amenèrent nos gens pour diner, nous envoyâmes le monstre à terre. Le canonnier voyant des naturels de l’autre côté de la rivière, leur fit signe de venir à lui ; ils se rendirent à son invitation ; il leur donna le requin, qu’ils coupèrent en morceaux, et qu’ils emportèrent, ayant l’air très-satisfait.

» Le 5 le vieillard reparut à la tente qui servait de lieu de marché, et fit entendre au canonnier qu’il était allé dans l’intérieur du pays pour déterminer les habitans à lui apporter leurs cochons, leurs volailles et leurs fruits, dont les endroits voisins de l’aiguade étaient presque épuisés. Le bon effet de sa démarche fut bientôt sensible ; car beaucoup d’Indiens, que nos gens n’avaient pas encore vus, arrivèrent avec des cochons beaucoup plus gros qu’aucun