Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/137

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de ceux que nous avions reçus auparavant. Le bonhomme se hasarda lui-même à venir au vaisseau dans sa pirogue, et m’apporta en présent un cochon tout rôti. Je fus très-content de son attention et de sa générosité, et je lui donnai pour son cochon un pot de fer, un miroir, un verre à boire, et d’autres choses que lui seul dans l’île possédait.

» Tandis que nos gens étaient à terre, on permit à plusieurs jeunes femmes de traverser la rivière. Quoiqu’elles fussent très-disposées à accorder leurs faveurs, elles en connaissaient trop bien la valeur pour les donner gratuitement. Le prix en était modique, mais cependant tel encore, que les matelots n’étaient pas toujours en état de le payer. Ils se trouvèrent par-là exposés à la tentation de dérober les clous et tout le fer qu’ils pouvaient détacher du navire. Les clous que nous avions apportés pour le commerce n’étant pas toujours sous leur main, ils en arrachèrent de différentes parties du vaisseau ; il résulta de là un double inconvénient, le dommage que souffrit le navire, et un haussement considérable des prix du marché. Quand le canonnier offrit, comme à l’ordinaire, de petits clous pour des cochons d’une médiocre grosseur, les habitans refusèrent de les prendre, et en montrèrent de plus grands, en faisant signe qu’ils en voulaient de semblables. Quoique j’eusse promis une forte récompense au dénonciateur, on fit des recherches inutiles pour découvrir les coupables. Je fus