Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/139

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semblaient ne faire aucune attention à nous lorsque nous passions. Vers midi je retournai au vaisseau : le commerce que nos gens avaient établi avec les femmes de l’île les rendait beaucoup moins dociles aux ordres que j’avais donnés pour régler leur conduite à terre. Je jugeai donc nécessaire de faire lire l’ordonnance, et je punis Jacques Proctor, caporal des soldats de marine, qui non-seulement avait quitté son poste et insulté l’officier, mais qui avait frappé le maître d’équipage au bras d’un coup si violent, qu’il l’avait jeté à terre.

» Le 8 j’envoyai un détachement à terre pour couper du bois. Il rencontra quelques naturels qui lui firent un accueil amical. Plusieurs de ces bons Indiens vinrent à bord de notre canot, et paraissaient d’un rang au-dessus du commun, tant par leurs manières que par leur habillement. Je les traitai avec des attentions particulières ; et, pour découvrir ce qui pourrait leur faire plus de plaisir, je mis devant eux une monnaie portugaise, une guinée, une couronne ou pièce de cinq shillings, une piastre espagnole, des shillings, des demi-pence neufs, et deux grands clous, en leur faisant entendre par des signes qu’ils étaient les maîtres de prendre ce qu’ils aimeraient le mieux. On prit d’abord les clous avec un grand empressement, ensuite les demi-pence ; mais l’or et l’argent furent négligés. Je leur présentai donc encore des clous et des demi-pence, et je les renvoyai à terre infiniment heureux.