Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/140

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» Cependant notre marché était très-mal fourni, les Indiens refusant de nous vendre des vivres à l’ancien prix, et faisant toujours signe qu’ils voulaient de grands clous. Il devint aussi nécessaire d’examiner le vaisseau avec plus de soin, pour découvrir en quels endroits on en avait arraché des clous : nous trouvâmes que tous les taquets étaient détachés, et qu’il n’y avait pas un hamac auquel on eût laissé ses clous. Je mis en œuvre tous les moyens possibles pour découvrir les voleurs, mais sans aucun succès. J’allai jusqu’à défendre que personne allât à terre avant qu’on eût trouvé les auteurs du vol. Je ne gagnai rien, et je fus obligé de faire punir Proctor, le caporal, qui se mutina de nouveau.

» Le 11, dans l’après-midi, le canonnier vint à bord avec une grande femme qui paraissait âgée d’environ quarante-cinq ans, d’un maintien agréable et d’un port majestueux. Il me dit qu’elle ne faisait que d’arriver dans cette partie de l’île, et que, voyant le grand respect que lui montraient les habitans, il lui avait fait quelques présens ; qu’elle l’avait invité à venir dans sa maison, située à environ deux milles dans la vallée, et qu’elle lui avait donné des cochons, après quoi elle était retournée avec lui au lieu de l’aiguade, et lui avait témoigné le désir d’aller au vaisseau ; ce qu’il avait jugé convenable à tous égards de lui accorder. Elle montrait de l’assurance dans toutes ses actions, et paraissait sans défiance et sans crainte,