Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/141

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même dans les premiers momens qu’elle entra dans le bâtiment. Elle se conduisit pendant tout le temps qu’elle fut à bord avec cette aisance qui distingue toujours les personnes accoutumées à commander. Je lui donnai un grand manteau bleu que je jetai sur ses épaules, où je l’attachai avec des rubans ; il lui descendait jusqu’aux pieds. J’y ajoutai un miroir, de la verroterie de différentes sortes, et plusieurs autres choses qu’elle reçut de fort bonne grâce et avec beaucoup de plaisir. Elle remarqua que j’avais été malade, et me montra le rivage du doigt ; je compris qu’elle voulait dire que je devais aller à terre pour me rétablir parfaitement, et je tâchai de lui faire entendre que j’irais le lendemain matin. Lorsqu’elle voulut retourner dans l’île, j’ordonnai au canonnier de l’accompagner : après l’avoir mise à terre, il la conduisit jusqu’à son habitation, qu’il me décrivit comme très-grande et fort bien bâtie. Il me dit qu’elle avait beaucoup de gardes et de domestiques, et qu’à une petite distance de cette maison elle en avait une autre fermée d’une palissade.

» Le 12 au matin j’allai à terre pour la première fois, et la princesse, ou plutôt la reine (car elle paraissait en avoir l’autorité), vint bientôt à moi, suivie d’un nombreux cortége. Comme elle s’aperçut que ma maladie m’avait laissé beaucoup de faiblesse, elle ordonna à ses gens de me prendre sur leurs bras, et de me porter non-seulement au delà de la