Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les habitans que nous rencontrions le morceau de salpêtre qui avait été ramassé dans l’île, mais aucun d’eux ne parut le connaître, et je ne pus point avoir d’éclaircissemens sur cette matière.

» Le vieillard commençait à être fatigué ; et comme il y avait une montagne devant nous, il nous fit signe qu’il voulait aller dans sa maison : cependant avant de nous quitter il fit prendre à ses compatriotes, qui nous avaient si généreusement fourni des provisions, le bagage, avec les fruits qui n’avaient pas été mangés, et quelques cocos remplis d’eau fraîche ; et il nous donna à entendre qu’ils nous accompagneraient jusqu’au delà de la montagne. Dès qu’il fut parti, les Indiens détachèrent des branches vertes des arbres voisins, et ils les placèrent devant nous en faisant plusieurs cérémonies, dont nous ne connaissions pas la signification ; ils prirent ensuite de petits fruits, dont ils se peignirent en rouge, et ils exprimèrent de l’écorce d’un arbre un suc jaune qu’ils répandirent en différens endroits de leur habillement. Le vieillard nous voyait encore lorsque nous nous mîmes à gravir la montagne ; et, s’apercevant que nous avions peine à nous ouvrir un passage à travers les ronces et les buissons, qui étaient très-épais, il revint sur ses pas, et dit quelque chose à ses compatriotes d’un ton de voix ferme et élevé ; sur quoi vingt ou trente d’entre eux allèrent devant nous et débarrassèrent le chemin. Ils