Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Le lendemain matin 26, sur les six heures, la reine vint à bord comme elle nous l’avait promis ; elle nous apportait un présent de cochons et de volailles, mais elle retourna à terre bientôt après. Le canonnier nous envoya trente cochons avec beaucoup de volailles et de fruits. Nous complétâmes nos provisions d’eau et de bois, et tînmes tout prêt pour remettre en mer. Plusieurs naturels que nous avions déjà vus vinrent de l’intérieur du pays sur le rivage ; par les égards qu’on avait pour quelques-uns d’eux nous jugeâmes qu’ils étaient d’un rang supérieur aux autres. Sur les trois heures de l’après-midi, la reine revint sur le rivage, très-bien habillée, et suivie d’un grand nombre d’insulaires ; elle traversa la rivière avec sa suite et notre vieillard, et vint encore une fois à bord du vaisseau ; elle nous donna de très-beaux fruits ; elle renouvela avec beaucoup d’empressement ses sollicitations, afin de m’engager à séjourner dix jours de plus dans l’île ; elle me fit entendre qu’elle irait dans l’intérieur du pays, et qu’elle m’apporterait une grande quantité de cochons, de volailles et de fruits. Je tâchai de lui témoigner ma reconnaissance des bontés et de l’amitié qu’elle avait pour moi ; mais je l’assurai que je mettrais sans faute à la voile dès le lendemain matin : elle fondit en larmes comme à son ordinaire, et quand son agitation se fut calmée, elle me demanda par signes quand je reviendrais. Je lui fis comprendre que ce serait dans cinquante