Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/160

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jours ; elle me répondit par signes de ne pas attendre si long-temps et de revenir dans trente. Comme je persistais à exprimer toujours le nombre que j’avais fixé, elle me parut contente ; elle resta à bord jusqu’à la nuit ; et ce fut avec beaucoup de peine qu’on parvint à la déterminer à retourner à terre. Lorsqu’on lui dit que le canot était prêt, elle se jeta sur un fauteuil et pleura long-temps avec tant de désolation, que rien ne pouvait la calmer ; à la fin cependant elle entra dans le canot avec beaucoup de répugnance, accompagnée des gens de sa suite et du vieillard. Celui-ci nous avait dit souvent que son fils, qui avait environ quatorze ans, s’embarquerait avec nous ; le jeune homme paraissait y consentir. Comme il avait disparu pendant deux jours, je m’informai de lui dès que je ne le vis plus ; son père me fit entendre qu’il était allé dans l’intérieur de l’île voir ses amis, et qu’il reviendrait assez à temps pour notre départ. Nous ne l’avons jamais revu, et j’ai des raisons de croire que, lorsque le moment de mettre à la voile approcha, la tendresse du vieillard avait succombé, et qu’afin de conserver son enfant près de lui, il l’avait caché jusqu’à ce que le vaisseau fût parti.

» Le lundi 27, à la pointe du jour, nous démarrâmes, et j’envoyai en même temps à terre la chaloupe et le canot, afin de remplir quelques-unes de nos pièces d’eau qui étaient vides. Dès qu’ils furent près de la côte, ils