Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/162

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qui portait la reine s’approcha des sabords de la sainte-barbe, où ses gens l’amarrèrent. Un instant après, la reine descendit sur l’avant de sa pirogue, et s’y assit en pleurant, sans qu’on pût la consoler. Je lui donnai plusieurs choses que je crus pouvoir lui être utiles, et quelques autres pour sa parure ; elle les reçut en silence, et sans y faire beaucoup d’attention. À dix heures, nous avions dépassé le récif ; il s’éleva un vent frais ; nos amis les insulaires, et surtout la reine, nous dirent adieu pour la dernière fois avec tant de regrets, et d’une façon si touchante, que j’eus le cœur serré, et que mes yeux se remplirent de larmes.

» Ayant été malade, et obligé de garder le lit pendant une partie de notre séjour sur la rade de cette île, que ses habitaus nomment Taïti, les observations que je vais présenter sur les naturels et leurs mœurs seront bien moins détaillées que si j’avais joui d’une meilleure santé.

» Les Taïtiens sont grands, bien faits, agiles, dispos, et d’une figure agréable : la taille des hommes est en général de cinq pieds sept à cinq pieds dix pouces, et il y en a peu qui soient plus petits ou d’une taille plus haute. Celle des femmes est de cinq pieds six pouces. Le teint des hommes est basané, et ceux qui vont sur l’eau l’ont beaucoup plus bronzé que ceux qui vivent toujours à terre ; leurs cheveux sont ordinairement noirs, mais quelquefois bruns, rouges ou blonds ; ce qui est digne