Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/169

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ils en rompent seulement un morceau lorsqu’ils passent par hasard dans les lieux où croît cette plante.

» Nous n’avons pas eu beaucoup d’occasions de connaître en détail leur vie domestique et leurs amusemens ; nous jugeâmes par leurs armes et les cicatrices que portaient plusieurs d’entre eux qu’ils sont quelquefois en guerre ; nous vîmes par la grandeur de ces cicatrices qu’elles étaient les suites des blessures considérables que leur avaient faites des pierres, des massues et d’autres armes obtuses ; nous reconnûmes aussi par-là qu’ils avaient fait des progrès dans la chirurgie, et nous en eûmes bientôt des preuves certaines. Un de nos matelots, étant à terre, se mit une écharde dans le pied ; comme notre chirurgien était à bord, un de ses camarades s’efforça de la tirer avec un canif ; mais, après avoir fait beaucoup souffrir le patient, il fut obligé d’abandonner l’entreprise. Notre vieux Taïtien, présent à cette scène, appela alors un de ses compatriotes qui était de l’autre coté de la rivière ; celui-ci examina le pied du matelot et courut sur-le-champ au rivage : il prit une coquille qu’il rompit avec ses dents, et au moyen de cet instrument il ouvrit la plaie et en arracha l’écharde dans l’espace d’une minute. Sur ces entrefaites, le vieillard, qui était allé à quelques pas dans le bois, rapporta une espèce de gomme qu’il appliqua sur la blessure ; il l’enveloppa d’un morceau d’étoffe, et en deux jours le matelot fut parfaitement guéri.