Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/187

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paraît être la moelle et la chair de guanaques et de vigognes. Plusieurs en avaient des quartiers attachés sur leurs chevaux, et nous leur en avons vu manger des morceaux crus. Ils avaient aussi avec eux des chiens petits et vilains, lesquels, ainsi que leurs chevaux, boivent de l’eau de mer, l’eau douce étant fort rare sur cette côte, et même sur le terrain.

» Aucun d’eux ne paraissait avoir de supériorité sur les autres ; ils ne témoignaient même aucune espèce de déférence pour deux ou trois vieillards qui étaient dans cette bande. Il est très-remarquable que plusieurs nous ont dit les mots espagnols suivans : manana, muchacho, bueno chico, capitan. Je crois que cette nation mène la même vie que les Tartares. Errans dans les plaines immenses de l’Amérique méridionale, sans cesse à cheval, hommes, femmes et enfans, suivant le gibier ou les bestiaux dont ces plaines sont couvertes, se vêtant et se cabanant avec des peaux, ils ont encore vraisemblablement avec les Tartares cette ressemblance, qu’ils vont piller les caravanes des voyageurs. Je terminerai cet article en disant que nous avons trouvé depuis dans la mer Pacifique une nation d’une taille plus élevée que ne l’est celle des Patagons. »

Bougainville, en avançant dans le détroit, vit des habitans de la Terre du Feu ; les premiers étaient sur la côte opposée au cap Froward…. « Nous traversâmes, dit-il, un grand enfoncement dont nous n’apercevions pas la