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fin. Son ouverture, d’environ deux lieues, est coupée dans son milieu par une île fort élevée. La grande quantité de baleines que nous vîmes dans cette partie, et les grosses houles nous firent penser que ce pourrait bien être un détroit, lequel doit conduire assez proche du cap de Horn. Étant presque passés de l’autre bord, nous vîmes plusieurs feux paraître et s’éteindre ; ensuite ils restèrent allumés, et nous distinguâmes des sauvages sur la pointe basse d’une baie où j’étais déterminé de m’arrêter. Nous allâmes aussitôt à leurs feux, et je reconnus la même horde de sauvages que j’avais déjà vue à mon premier voyage dans le détroit. Nous les avions alors nommés Pécherais, parce que ce fut le premier mot qu’ils prononcèrent en nous abordant, et que sans cesse ils nous le répétaient, comme les Patagons répètent le mot chaoua. La même cause nous a fait leur laisser cette fois le même nom. Le jour prêt à finir ne nous permit pas cette fois de rester long-temps avec eux. Ils étaient au nombre d’environ quarante hommes, femmes et enfans, et ils avaient dix ou douze canots dans une anse voisine.

» Le 6 janvier 1768 nous eûmes à bord la visite de quelques sauvages. Quatre pirogues avaient paru le matin à la pointe du cap Galant, et, après s’y être tenues quelque temps arrêtées, trois s’avancèrent dans le fond de la baie, tandis qu’une voguait vers la frégate. Après avoir hésité pendant une demi-heure,