Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/190

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vaises peaux de phoques trop petites pour les envelopper, peaux qui servent également et de toits a leurs cabanes, et de voiles à leurs pirogues. Ils ont aussi quelques peaux de guanaque, mais en fort petite quantité. Les femmes sont hideuses, et les hommes semblent avoir pour elles peu d’égards. Ce sont elles qui voguent dans les pirogues et qui prennent soin de les entretenir, au point d’aller à la nage, malgré le froid, vider l’eau qui peut y entrer dans les goémons qui servent de ports à ces pirogues, assez loin du rivage ; à terre elles ramassent le bois et les coquillages, sans que les hommes prennent aucune part au travail. Les femmes même qui ont des enfans à la mamelle ne sont pas exemptes de ces corvées. Elles portent sur le dos les enfans pliés dans la peau qui leur sert de vêtement.

» Leurs pirogues sont d’écorce, mal liées avec des joncs et de la mousse dans les coutures. Il y a au milieu un petit foyer de sable où ils entretiennent toujours un peu de feu. Leurs armes sont des arcs faits, ainsi que les flèches, avec le bois d’une épine-vinette à feuilles de houx, qui est commune dans le détroit ; la corde est de boyaux, et les flèches sont armées de pierres taillées avec assez d’art mais ces armes sont plutôt contre le gibier que contre des ennemis ; elles sont aussi faites que les bras destinés à s’en servir. Nous leur avons vu de plus des os de poisson longs d’un pied, aiguisés par le bout et dentelés sur