Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/191

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un des côtés. Est-ce un poignard ? Je crois plutôt que c’est un instrument de pêche. Ils l’adaptent à une longue perche, et s’en servent en manière de harpon. Ces sauvages habitent pêle-mêle, hommes, femmes et enfans, dans les cabanes, au milieu desquelles est allumé le feu. Ils se nourrissent principalement de coquillages ; cependant ils ont des chiens et des lacs faits de barbes de baleine. J’ai observé qu’ils avaient les dents gâtées ; et je crois qu’on doit en attribuer la cause à ce qu’ils mangent des coquillages brùlans, quoiqu’à moitié crus.

» Au reste, ils paraissent assez bonnes gens ; mais ils sont si faibles, qu’on est tenté de ne pas leur en savoir gré. Nous avons cru remarquer qu’ils sont superstitieux et croient à des génies malfaisans ; aussi chez eux les mêmes hommes qui en conjurent l’influence sont en même temps médecins et prêtres. De tous les sauvages que j’ai vus dans ma vie, les Pécherais sont les plus dénués de tout ; ils sont exactement dans ce qu’on peut appeler l’état de nature ; et en vérité, si l’on devait plaindre le sort d’un homme libre et maître de lui-même, sans devoir et sans affaires, content de ce qu’il a parce qu’il ne connaît pas mieux, je plaindrais ces hommes qui, avec la privation de ce qui rend la vie commode, ont encore à souffrir la dureté du plus affreux climat de l’univers. Les Pécherais forment aussi la société d’hommes la moins nombreuse que j’aie rencontrée dans toutes les parties du monde ; ce-