Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/193

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dont l’extérieur est ordinairement sérieux.

» Leur joie ne fut pas de longue durée. Un de leurs enfans âgé d’environ douze ans, le seul de toute la bande dont la figure fut intéressante à nos yeux, fut saisi tout à coup d’un crachement de sang accompagné de violentes convulsions. Le malheureux avait été à bord de l’Étoile, où on lui avait donné des morceaux de verre et de glace, ne prévoyant pas le funeste effet qui devait suivre ce présent. Ces sauvages ont l’habitude de s’enfoncer dans la gorge et dans les narines de petits morceaux de talc. Peut-être la superstition attache-t-elle chez eux quelque vertu à cette espèce de talisman ; peut-être le regardent-ils comme un préservatif à quelque incommodité à laquelle ils sont sujets. L’enfant avait vraisemblablement fait le même usage du verre. Il avait les lèvres, les gencives et le palais coupés en plusieurs endroits, et rendait le sang presque continuellement.

» Cet accident répandit la consternation et la méfiance ; ils nous soupçonnèrent sans doute de quelque maléfice ; car la première action du jongleur qui s’empara aussitôt de l’enfant fut de le dépouiller précipitamment d’une casaque de toile qu’on lui avait donnée. Il voulut la rendre aux Français ; et, sur le refus qu’on fit de la reprendre, il la jeta à leurs pieds : il est vrai qu’un autre sauvage qui sans doute aimait plus les vêtemens qu’il ne craignait les enchantemens la ramassa aussitôt.