Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/252

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une commission aussi délicieuse à remplir. Soyez assuré que je ferai pour Poutavéry tout ce que je ferais pour mon propre fils. Cet Indien m’a singulièrement intéressé depuis le moment que j’ai su son histoire, et son honnêteté naturelle m’a fortement attaché à lui ; aussi me regarde-t-il comme son père, et ma maison comme la sienne.

» Poutavéry est arrivé ici le 23 octobre en très-bonne santé, fort aimé de tous ses compagnons de voyage, et très-content d’eux tous. J’ai chargé M. de La Malétie, subrécargue du navire sur lequel il a passé, de le loger avec lui et d’en avoir soin, parce que malheureusement je n’ai point de logement dans la maison que j’occupe, et je n’ai pour moi-même qu’une très-petite pièce très-incommode, qui me sert de cabinet.

» Poutavéry n’étant arrivé ici qu’à la fin d’octobre, dans un moment où nous avions tous nos bâtimens dehors, je le garderai jusqu’à la mi-septembre de l’année prochaine, temps auquel je le renverrai dans son pays. Le capitaine, les officiers et le bâtiment destinés à ce voyage seront de mon choix. Je lui donnerai pour lui, pour sa famille et pour les chefs taïtiens, des présens convenables. Je lui donnerai, outre les outils et instrumens en fer de toute espèce, des grains à semer, et surtout du riz, des bœufs et vaches, des cabris, enfin de tout ce qui me paraîtra, d’après ses rapports, devoir être utile aux bons Taïtiens, qui devront à la générosité française une partie de leur bien-être.