Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/253

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» Le bâtiment destiné pour Taïti fera sa route par le sud, et passera entre la Nouvelle-Hollande et la Nouvelle-Zélande. C’est pourquoi je ne veux le faire partir que vers l’équinoxe de septembre de l’année prochaine, afin que nos navigateurs, forcés peut-être par les vents de s’élever beaucoup dans le sud, jouissent de toute la belle saison, qui, dans l’émisphère austral, commence à la fin de septembre ; alors les nuits sont plus courtes et les mers plus belles. »

« On m’a écrit depuis, de l’Île de France, une lettre datée du mois d’août 1771, dans laquelle on me mande qu’on y armait le bâtiment destiné à ramener Aotourou à Taïti. Puisse-t-il revoir enfin ses compatriotes[1] ! Je vais détailler ce que j’ai cru comprendre sur les mœurs de son pays dans mes conversations avec lui.

» J’ai déjà dit que les Taïtiens reconnaissent un être suprême qu’aucune image factice ne saurait représenter, et des divinités subalternes de deux métiers, comme dit Amyot, représentées par des figures de bois. Ils prient au lever et au coucher du soleil ; mais ils ont en détail un grand nombre de pratiques superstitieuses pour conjurer l’influence des mauvais génies. La comète, visible à Paris en 1769, et qu’Aotourou a fort bien remarquée, m’a donné lieu d’apprendre que les Taïtiens connaissent ces astres, qui ne reparaissent, m’a-t-il dit, qu’a-

  1. On verra dans le Chapitre suivant ce qu’est devenu Aotourou.