Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/254

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près un grand nombre de lunes. Ils nomment les comètes evetou eave, et n’attachent à leur apparition aucune idée sinistre. Il n’en est pas de même de ces espèces de météores qu’ici le peuple croit être des étoiles qui filent. Les Taïtiens, qui les nomment epao, les croient un génie malfaisant, eatoua toa. Au reste, les gens instruits de cette nation, sans être astronomes, comme l’ont prétendu nos gazettes, ont une nomenclature des constellations les plus remarquables ; ils en connaissent le mouvement diurne, et ils s’en servent pour diriger leur route en pleine mer d’une île à l’autre. Dans cette navigation, quelquefois de plus trois cents lieues, ils perdent toute vue de terre. Leur boussole est le cours du soleil pendant le jour, et la position des étoiles pendant les nuits, presque toujours belles entre les tropiques.

» Aotourou m’a parlé de plusieurs îles, les unes confédérées de Taïti, les autres toujours en guerre avec elle. Les îles amies sont Aimeo, Maoroua, Aca, Oamaïtia et Tapoua-Massou. Les ennemies sont Papara, Aiatea, Otaa, Toumaraa, Oopoa. Ces îles sont aussi grandes que Taïti. L’île de Pare, fort abondante en perles, est tantôt son alliée, tantôt son ennemie. Enouamatou et Toupai sont deux petites îles inhabitées, couvertes de fruits, de cochons, de volailles, abondantes en poisson et en tortues ; mais le peuple croit qu’elles sont la demeure des génies ; c’est leur domaine, et malheur aux bateaux que le hasard ou la curiosité