Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/261

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Le 3 mai, presqu’à la pointe du jour, il découvrit une nouvelle terre. Dans la journée on essuya quelques grains, suivis de calme, de pluie, et de brises de l’ouest, telles que dans cette mer on en éprouve aux approches des moindres terres. Avant le coucher du soleil on reconnut trois îles, dont une beaucoup plus considérable que les deux autres. Au jour, on prolongea la côte orientale de la grande île ; ses côtes sont partout escarpées, et ce n’est, à proprement parler, qu’une montagne élevée, couverte d’arbres jusqu’au sommet, sans vallées ni plage. La mer brisait fortement le long de la rive. On y vit des feux, quelques cabanes couvertes de joncs, et terminées en pointe, construites à l’ombre des cocotiers, et une trentaine d’hommes qui couraient sur le bord de la mer. Les deux petites îles sont à une lieue de la grande, dans l’ouest-nord-ouest, situation qu’elles ont aussi entre elles. Un bras de mer peu large les sépare ; elles n’ont pas plus d’une demi-lieue chacune, et leur côte est également haute et escarpée. Le milieu de ces îles est par 14° 11′ sud et 170° 59′ à l’ouest de Paris.

» À midi je faisais route pour passer entre ces petites îles et la grande, dit Bougainville, lorsque la vue d’une pirogue, qui venait à nous, me fit mettre en panne pour l’attendre. Elle s’approcha à une portée de pistolet du vaisseau, sans vouloir l’accoster, malgré tous les signes d’amitié dont nous pouvions nous aviser, vis-à-vis de cinq hommes qui la condui-