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fut persécuté par les calmes, la pluie et les vents d’ouest. « En général, dans cet océan, nommé Pacifique, observe Bougainville, l’approche des terres procure des orages, plus fréquens encore dans le décours de la lune. Lorsque le temps est par grains, avec de gros nuages fixes à l’horizon, c’est un indice presque sûr de quelques îles, et un avis de s’en méfier. On ne se figure pas avec quels soins et quelles inquiétudes on navigue dans ces mers inconnues, menacé de toutes parts de la rencontre inopinée de terres et d’écueils, inquiétudes plus vives encore dans les longues nuits de la zone torride. Il nous fallait cheminer à tâtons, changeant de route, lorsque l’horizon était trop noir devant nous. La disette d’eau, le défaut de vivres, la nécessité de profiter du vent, quand il daignait souffler, ne nous permettait pas de suivre les lenteurs d’une navigation prudente, et de passer en panne ou sur les bords le temps des ténèbres. »

Cependant le scorbut parut. Il ne restait plus de rafraîchissemens que pour les malades. Le 22, à l’aube du jour, on reconnut deux terres ; l’une fut nommée île de la Pentecôte, l’autre île Aurore. En avançant dans le nord, on aperçut une petite île, élevée en pain de sucre, qui fut appelée pic de l’Étoile. On rangea l’île Aurore à une lieue et demie de distance ; elle a au plus deux lieues de largeur. Ses côtes sont escarpées et couvertes de bois. À deux heures après midi on aperçut par-des-