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sus ces îles des cimes de hautes montagnes à dix lieues environ au delà. Après avoir doublé l’île Aurore, on faisait route au sud-sud-ouest, lorsqu’au coucher du soleil une nouvelle côte élevée et très-étendue s’offrit encore aux regards à la distance de quinze à seize lieues. On côtoya celle-ci dans la matinée du 23 ; sa côte nord-ouest a au moins douze lieues d’étendue ; elle est haute, escarpée, et partout couverte de bois. Plusieurs pirogues se montraient le long de la terre, sans qu’aucune cherchât à approcher des frégates. On ne distinguait pas de cases, on voyait seulement beaucoup de fumée s’élever du milieu des bois, depuis le bord de la mer jusqu’au sommet des montagnes. On sonda plusieurs fois près du rivage, sans trouver de fond avec cinquante brasses de ligne.

La vue d’une côte où l’abordage paraissait commode détermina Bougainville à envoyer à terre pour y faire du bois dont il avait le plus grand besoin, prendre des connaissances du pays, et tâcher d’en tirer des rafraîchissemens pour les malades. Il fit donc partir trois bateaux armés, et se tint prêt à leur envoyer du secours, et à les soutenir de l’artillerie des vaisseaux, s’il était nécessaire. On les vit prendre terre sans que les insulaires parussent s’être opposés à leur débarquement. À une heure après midi, il s’embarqua avec quelques autres personnes dans une iole pour aller les rejoindre. Il trouva son monde occupé à couper du bois, que ceux du pays aidaient à porter aux