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s’en montra une troupe armée qui venait de la partie occidentale de l’île, s’avançant en bon ordre, et ceux-ci paraissaient disposés à les bien recevoir ; mais il n’y avait point eu d’attaque.

Bougainville, après être resté à terre jusqu’à ce que ses canots fussent chargés de fruits et de bois, se conforma à l’usage des navigateurs, en faisant enterrer au pied d’un arbre l’acte de prise de possession de ces îles, gravé sur une planche de chêne, puis se rembarqua. Ce départ dérangea sans doute le projet des insulaires, qui n’avaient pas encore tout disposé pour attaquer les Français. En les voyant s’éloigner, ils s’avancèrent sur le bord de la mer et leur lancèrent une grêle de pierres et de flèches. Quelques coups de fusil tirés en l’air ne suffirent pas pour s’en débarrasser ; plusieurs même s’avancèrent dans l’eau pour ajuster les Français de plus près. Une décharge mieux nourrie ralentit aussitôt leur attaque. Ils s’enfuirent dans les bois avec de grands cris. Un matelot fut légèrement blessé d’une pierre.

Ces insulaires sont de deux couleurs, noirs et mulâtres. Leurs lèvres sont épaisses, leurs cheveux cotonnés, quelques-uns même ont la laine jaune. Ils sont petits, vilains, mal faits, et la plupart rongés de lèpre, circonstance qui fit nommer leur île île des Lépreux. Il parut peu de femmes, et elles n’étaient pas moins dégoûtantes que les hommes. Ils sont nus ; à peine se couvrent-ils d’une natte les parties naturelles ; les femmes ont aussi des écharpes pour