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îlot de sable qui s’élevait à peine au-dessus de l’eau. Ce peu de hauteur le rend un écueil fort dangereux pour des vaisseaux qui font route de nuit ou par un temps de brume. Il est si ras, qu’à deux lieues de distance, avec un horizon fort net, on ne le voit que du haut des mâts. Il est couvert d’oiseaux ; il fut nommé la Batture de Diane. Son gisement est par 15° 41′ sud, et 148° 59′ à l’est de Paris.

Dans la journée du 5 on crut, à quatre heures après-midi, apercevoir la terre et des brisans dans l’ouest ; on se trompait, et l’on continua d’y courir jusqu’à huit heures du soir. On passa le reste de la nuit, partie en panne, partie à courir de petits bords ; et au point du jour on reprit la route, toutes voiles dehors. Depuis vingt-quatre heures il passait le long des bâtimens beaucoup de morceaux de bois et des fruits que l’on ne connaissait pas ; la mer était aussi entièrement tombée, malgré les grands vents du sud-est ; et ces circonstances réunies faisaient penser à Bougainville qu’il avait de la terre dans le sud-est à peu de distance. On vit aussi dans ces parages une espèce singulière de poissons volans. Ils sont noirs, à ailes rouges ; ils paraissent avoir quatre ailes au lieu de deux, et leur grosseur est un peu au-dessus de la grandeur commune de ces poissons.

Le 6 une batture qui se montra environ à trois quarts de lieue de l’avant avertit qu’il était temps de changer la route que l’on pour-